Espace d’Accueil Thérapeutique
Origine du projet et contexte institutionnel
Au sein du centre scolaire du DITEP de Grèzes, les enfants bénéficient d’une scolarisation dans l’Unité D’Enseignement. A cet effet quatre enseignantes détachées de l’Education Nationale sont intervenues auprès des enfants répartis dans quatre classes (20 élèves) lors de l’année scolaire 2018/2019. Deux éducatrices sont intervenues sur le temps scolaire et dans l’espace classe, en lien avec l’enseignante. Le temps scolaire est réparti du lundi après-midi au vendredi midi ; ce temps inclut aussi différentes prises en charge à visée éducatives et thérapeutiques qui sont proposées en lien avec le projet personnalisé de chaque jeune.
Au cours de l’année 2018, l’Education Nationale a formulé la demande que les élèves d’ITEP ne disposent pas d’un temps de classe supérieur à 6h00 consécutives quotidiennes, compte tenu de leur orientation en milieu spécialisé qui nécessite des aménagements. Il n’y a pas de texte réglementaire qui défend cette position pour le médico-social. Il existe des textes pour le milieu ordinaire.
Par ailleurs, les professionnels ont pu repérer une souffrance psychique chez certains enfants qui s’exprimait notamment par des symptômes (passages à l’acte, difficultés relationnelles…) plus ou moins bruyants. L’hypothèse a été faite que le cadre d’accueil du centre scolaire pouvait ne pas être suffisamment contenant et sécurisant pour répondre à la problématique des jeunes accompagnés.
Les difficultés dans la prise en charge des enfants au quotidien ont pu générer des effets sur les pratiques professionnelles (relations en miroir, clivages…) et ont fait ressentir un manque d’espace pour élaborer autour des accompagnements et des relations transférentielles qui en découlent.
Face à ces constats, l’institution a proposé de déployer un dispositif inspiré d’« un toit pour soi » (dispositif qui a vu le jour en 2017/2018 destiné aux adolescents), destiné aux enfants du centre scolaire. L’espace d’accueil thérapeutique en tant que lieu et en tant que dispositif a été créé de manière expérimentale. Il propose différents ateliers à visée thérapeutique. Afin de promouvoir la dimension thérapeutique et pluridisciplinaire, une psychologue a été recrutée, à hauteur de 10 heures hebdomadaires.
Afin de promouvoir la dimension thérapeutique et pluridisciplinaire, une psychologue a été recrutée, à hauteur de 10 heures hebdomadaires.
Le public concerné par le dispositif
Le dispositif accueille les enfants du centre scolaire ; ceux-ci sont âgés entre 8 et 14 ans. Selon la circulaire interministérielle du 14 Mai 2007, « les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques accueillent les enfants, adolescents ou jeunes adultes qui présentent des difficultés psychologiques dont l’expression, notamment l’intensité des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. Ces enfants, adolescents et jeunes adultes se trouvent, malgré des potentialités intellectuelles préservées, engagés dans un processus handicapant qui nécessite le recours à des actions conjuguées et à un accompagnement personnalisé. »
D’un point de vue clinique on repère également que pour ces enfants existent des problématiques complexes et singulières autour du :
– rapport au symbolique,
– rapport au temps et à l’espace,
– de la relation à l’autre,
– du rapport au corps…
Le concept de cet espace est de proposer aux jeunes un temps d’apaisement en dehors de l’espace scolaire et en petit collectif. Ces temps sont propices pour travailler un espace de parole médiatisé par différents supports construits et animés par les professionnels.
Une des visées également, est que chaque professionnel quelle que soit sa place et sa fonction ait le souci de partager en équipe les éléments qu’il a observé ou obtenu auprès du jeune. Chaque professionnel est porteur du cadre et du projet des ateliers et incarne symboliquement la dimension institutionnelle. L’ensemble doit garantir le cadre sécurisant dans lequel le jeune doit pouvoir évoluer. L’accueil dans les ateliers ne dépend pas des rapports aux apprentissages : au-delà de l’élève c’est l’enfant sujet qui est reçu ; les effets du travail peuvent faciliter la position d’apprenant ou pas.
Une équipe dédiée
Au sein de ce dispositif peuvent intervenir différents professionnels du pôle :
éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs, psychologues, psychomotricienne, cheffe de service, orthophoniste, psychiatre, enseignantes… Actuellement, dans l’animation des ateliers sont impliqués directement les éducateurs spécialisés, les moniteurs éducateurs et le psychologue. Le travail institutionnel est pensé en termes d’interdisciplinarité et doit permettre de faire exister une dimension thérapeutique au-delà des rôles de chaque professionnel. L’intervention de la psychologue favorise cette dimension thérapeutique. En ce qui concerne les ateliers et afin de construire une proposition pertinente auprès des enfants, il semble important que les professionnels concernés puissent s’impliquer par choix : il est nécessaire que le désir du professionnel soit engagé, et qu’il puisse déployer une proposition qui inclue sa créativité, ses compétences, son accompagnement au plus près de la singularité du sujet. La fin de l’année scolaire est propice à planifier et anticiper les pistes de travail pour l’année prochaine et le positionnement des intervenants sur ce projet-là. Le travail des professionnels vise à une rencontre avec les enfants accueillis. Il peut se distinguer des modalités d’intervention dans le cadre de l’internat, où les enfants sont accueillis au sein d’un collectif ne permettant pas toujours la rencontre singulière entre l’adulte et l’enfant.
Le fonctionnement du dispositif
Pour chaque atelier des rencontres entre les co-animateurs ont lieu hebdomadairement pour élaborer autour des séances et préparer les suivantes.
Lors de la réunion de pôle, des synthèses cliniques se tiennent toutes les semaines (durée 45 mn) pour élaborer autour du suivi d’un jeune avec l’ensemble des professionnels qui l’accompagnent. Cette réunion donne lieu à des hypothèses de travail. Cette synthèse peut permettre de préparer la commission d’entrée et de sortie du jeune, qui est un lieu où l’on peut prendre des décisions. Les temps d’entrée et de sorties des ateliers ainsi que leur ponctuation visent à travailler la question de la subjectivation et de l’historisation. En début d’année scolaire, le mois de septembre est consacré à l’évaluation des besoins des enfants au regard de leur problématique : les différents professionnels du dispositif interviennent sur la journée dans une visée de rencontre et d’observation clinique autour des enfants. Parallèlement à cela, ils construisent et rédigent des propositions de projet, en prenant notamment appui sur le projet « Espace d’Accueil Thérapeutique ». Les projets peuvent être construits par les professionnels en fonction des besoins repérés mais aussi en fonction des compétences spécifiques des professionnels. Le choix peut être fait de coconstruire un projet avec les enfants, au sein d’un atelier. A la fin du mois de septembre une réunion de commission est consacrée à la lecture des projets proposés et à leur validation. Cette commission est composée des professionnels du dispositif, de l’équipe thérapeutique, du psychiatre, du chef de service. La commission de passage se réunit le vendredi après-midi, en début d’année scolaire, à la fin du mois de septembre et ensuite tous les trimestres : elle a pour fonction d’orienter les jeunes vers des ateliers thérapeutiques selon la problématique repérée et la demande du jeune et de l’équipe. La commission comprend les professionnels du dispositif et un professionnel référent du jeune, qui aura récolté les différentes observations et hypothèses des équipes formalisées dans un document (cf. annexes).